Il est souvent identifié comme l’homme du peuple, on retient égale- ment de lui l’homme qui aura eu raison au niveau de la Constitutionnelle de la République du Congo, en revendiquant les résultats sortis des urnes lors des élections législatives de 2022, Alban Kaky est un personnage actif de la sphère politique du Congo. Son action est centrée sur le service de sa communauté. Il relate la genèse de son engagement politique avec Loba Mag.
LM: Bonjour, pouvez-vous nous dire qui est Alban Kaky ?
M. Kaky: Bonjour ! Alban Kaky est un congolais, chef d’entreprise. Il a un parcours d’entrepreneur et s’est lancé en politique depuis quelques années. C’est un homme engagé dans sa communauté, notamment dans la promotion du développement communautaire depuis près de 7 ans. Cela pour permettre aux populations de se prendre en charge individuellement et collectivement. Alban Kaky est marié et père d’une fille et de deux garçons. Il est le cadet d’une fratrie de huit enfants.
LM: Comment vous définiriez-vous ?
M. Kaky: Je me définirai comme un visionnaire, quelqu’un d’engagé, quelqu’un qui se fixe des objectifs complexes et les atteint, quelqu’un qui est au service de la communauté et des populations.
LM: Quelle est votre plus grande qualité ?
M. Kaky: Ma plus grande qualité est ma détermination.
LM: Quel est votre plus gros défaut ?
M. Kaky: Mon plus gros défaut est que je suis très méticuleux. J’aime aller dans les détails et comprendre le fond des choses.
LM: Parlez-nous des quartiers Diata et Ngagouoni (Château d’eau).
M. Kaky: L’histoire entre Diata et moi débute du fait que j’y réside depuis plus de 15ans. Durant mon Executive MBA à Georgetown University aux États-Unis d’Amérique, j’ai eu un module, l’anthropologie de la société américaine. À la fin, nos professeurs nous demandaient qu’en rentrant dans nos pays, nous fassions quelque chose d’utile pour nos communautés. Ainsi donc, de retour au pays, je me suis engagé dans la promotion du développement local de la communauté. Il s’agit là d’un concept dans lequel les indivi- dus qui résident dans un secteur analysent ensemble les problématiques sociales, économiques, humanitaires, environnemen- tales, alimentaires, sanitaires et se mettent ensemble pour apporter des solutions. Je me souviens de ce dimanche où j’ai décidé de faire du porte à porte pour intéresser les populations. J’ai commencé par constituer des groupes afin de les éveiller pour se prendre en charge individuellement et collec- tivement. Et au fil du temps, c’est devenu un mouvement. Cela a fait de nos deux quar- tiers des habitants qui ont pour but de bâtir le quartiers modèles et solidaires.
LM: En dehors de votre formation, y a-t-il autre chose qui soit à l’origine de votre engagement communautaire ?
M. Kaky: Il y a l’engagement de ma mère envers sa famille et ses voisins. Elle a œuvré dans ce sens. Et moi, après avoir étudié le développement communautaire, je l’ai asso- cié à l’engagement de ma mère pour mener mes propres actions.
LM: Parlez-nous de votre décision à vous engager en politique.
M. Kaky: Je lance le mouvement en 2016, à mon retour des USA. Pour impliquer les populations, je l’appelle Diata Château innovation, une nouvelle manière de voir les quartiers et de les bâtir. Environ 5 mois après le lancement de ce mouvement, les élections législatives arrivent. Je me retrouve à la 4ème place sur les douze candidats. Occuper ce rang en si peu de temps de travail a conforté mon engagement et m’a poussé à continuer. En 2022, je me suis préparé fortement sans relache avec les populations, et j’ai fini par remporter largement les législatives et une place au Conseil Municipal de Brazzaville.
LM: Qu’est-ce que cela fait d’avoir ou écrire l’histoire, surtout en étant un indépendant ?
M. Kaky: Le fait d’être indépendant et de gagner dans ces conditions est une chose exceptionnelle. Lorsque cela arrive, on se pose la question mais pourquoi moi ? Et alors, je regarde mon parcours et je me rends compte que ce résultat est le fruit de tout ce que j’ai fait depuis plus de 20ans dans mon engagement social et professionnel, de ma vision et le rêve de pouvoir atteindre le sommet. En gagnant en tant qu’indépendant, je venais d’écrire non pas une mais plusieurs histoires. C’était de montrer aux jeunes qu’il est possible de faire des choses exceptionnelles et de dire que pour s’engager il faut se fier à ce qui est à l’intérieur et non pas à l’extérieur. Je suis de ceux qui pensent qu’une pensée forte à l’intérieur peut modifier ce qui est à l’extérieur et c’est justement ce qui m’est arrivé.
LM: 7 ans d’engagement communautaire, faites-nous un bilan de ce que vous avez accompli.
M. Kaky: Dans ce que nous avons accompli dans la communauté, il est important de comprendre notre engagement et le slogan « au service de la communauté ». Il s’agit d’un engagement qui demande de l’abnégation, du don de soi, de rendre service à l’autre. Il y a un côté religieux et chrétien là dedans car il intervient ce qu’on qualifie d’aimer son prochain comme soi-même.
C’est en cela que nous avons réalisé plusieurs pro- jets qui se font toujours sur la base d’une analyse préalable. Ces projets sont allés dans des cours de soutien scolaire avec 217 élèves pour la 1ère édition en 2017. Pendant les années Covid, cela a été suspendu. Et l’an dernier , nous avons eu 1000 avec un fort taux de réussite aux examens d’Etat.
Et cette année, nous en avons reçu près de 700 élèves. En plus de cela, nous avons permis l’an dernier à 100 étudiants et nouveaux bacheliers de bénéficier de bourses dans des universités privées agréées par l’Etat pour 3ans d’études. Nous avons aidés dans l’éclairage publique. Nous avons impulsé la réhabilitation d’un pont appelé Pont de Djamé, resté en mauvais été durant 24ans, pour une meilleure circulation des personnes et des biens. À côté de cela, nous aidons les femmes dans les commerces de proximité. Nous avons un programme de prêt à 0% pour des commerçantes du marché de nos deux circonscriptions. Aussi, nous avons permis aux étudiants du Campus de bénéficier de plusieurs formations sur le développement de leurs compétences. Pour les vacances, nous offrons un camp d’éveil aux trois meilleurs élèves des écoles de nos circonscriptions. Il existe aussi des projets d’aide aux femmes démunies qui accouchent. Nous partageons des opportunités et offres via des sites et réseaux sociaux.
LM: Quel financement pour tous ces projets ?
M. Kaky: Le financement de ces projets se fait sur fonds propres. Retenez que lors de notre formation, nous avons été incité à revenir chez nous pour faire plus que notre travail, à donner de nous-mêmes. Je suis cadre supérieur depuis des années et chef d’entreprise, je suis engagé à dépenser ce qui est nécessaire pour l’éveil des populations. C’est la part de l’abnégation et du don de soi. Aujourd’hui , je suis satisfait de cela car nous avons des groupes communautaires qui contribuent pour leurs propres problèmes, leurs besoins.
LM: Pourriez-vous estimer un coût global ?
M. Kaky: Sur 7 ans, je suis à plus cents millions de francs CFA d’investissement, y compris la campagne électorale.
LM: Êtes-vous sur un projet pour le futur ?
M. Kaky: Nous sommes sur un projet important, celui de la formation des jeunes dénommé la maison des métiers. Nous sommes entrain de travailler sur le modèle et le concept. Cela nous permettra de mettre en formation près de 400 jeunes de façon cyclique. Pour ces jeunes, cela leur permettra de fournir des prestations, de créer de la valeur et de rendre service à leurs communautés.
LM: Un mot à la jeunesse ?
M. Kaky: Aux jeunes, je dirai qu’il faut avoir beaucoup de rêves, rêver sans ne jamais regarder ce qu’on a, avoir des rêves qui font peur. Le petit défaut dans notre pays c’est que les jeunes veulent d’abord avoir de l’argent, un fonds avant de s’engager. Mais tous ceux qui ont fait des choses excep- tionnelles ont premièrement eu la vision. Il faut cela pour les jeunes, et aussi beaucoup d’abnégation, de collaboration et de détermination dans ce qu’ils font.
LM: Merci pour cet entretien, M. Kaky !
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